MARSANNE



Lacroix : Statistiques du département de la Drôme 1835



MARSANNE



MARSANNE. - C'est un chef-lieu de canton, à 37 kilomètres sud de Valence et 16 nord de Montélimar. Il s'y tient quatre foires par an. La population totale est de 1,379 individus. Les productions principales sont les céréales, le vin, la soie et les amandes. Il y a une forêt d'une grande étendue, cédée à la commune en 1354 par la maison de Poitiers.
Marsanne est situé au revers et au sud-est de la montagne qui, en venant de Mirmande, domine la belle vallée du Roubion. La vue s'étend sur les communes de Roynac, le Puy-Saint-Martin, Cléon-d'Andran, Charols, Châteauneuf-de-Mazenc, Saint-Gervais et le château de Soyans. C'est un délicieux paysage.
Dans l'origine, le bourg était bâti au-dessous de l'ancien château-fort, dont il ne reste que des ruines ; mais lorsque les troubles féodaux et religieux firent place à un ordre de choses plus tranquille, les habitans vinrent s'établir plus bas. La porte et l'enceinte du vieux Marsanne, son église et son clocher à moitié détruit, subsistent encore. Sur les portes de l'église abandonnée sont des armoiries à demi-effacées, qu'on croit être celles du pape, qui, à une époque reculée, aurait été, non le souverain, mais le seigneur de Marsanne.
Dans le nouveau bourg qui s'est successivement formé au-dessous de l'ancien, on remarque une belle fontaine qu'orne un obélisque élevé à l'époque et en commémoration de la naissance du roi de Rome. On doit à M. de Montluisant, aujourd'hui ingénieur en chef des constructions maritimes du port de Toulon, le cadran solaire fort exact et fort bien fait qui existe sur une des faces de l'obélisque.
A quelque distance de Marsanne, sur la route de Montélimar, coule une seconde fontaine, non moins remarquable que la première par l'abondance et la limpidité de ses eaux. On la nomme la fontaine de la coquille, à cause d'une pierre en forme de coquille qui reçoit ses eaux, et qui a servi de

Chapelle de Notre-Dame de Fréneau à Marsanne
bénitier à une ancienne église de Templiers dont les ruines se voient encore dans la plaine.
Après avoir appartenu successivement à la maison de Poitiers, aux Adhémar de Monteil, et, à ce qu'il paraît, au pape, Marsanne rentra dans le domaine du Dauphiné sur la fin du XVme siècle.
Le siége de la sénéchaussée de Montélimar y fut transféré momentanément en 1581, à cause des troubles civils et de la peste qui désolaient cette ville.
Les protestans cherchèrent vainement à s'en emparer en 1588. Lesdiguières vint en faire le siége au mois de février, avec 500 hommes à cheval, 1,000 arquebusiers et trois pièces de canon. De Coursas, qui y commandait pour les catholiques, fit une si belle résistance, que les protestans, après avoir tiré 169 coups de canon et fait pendant onze mois d'inutiles efforts, en levèrent le siége le 14 janvier 1589.
On croit que Marsanne vient de Martis Anna, Marsanna. Anna Perenna, dont il aurait retenu le nom, était la déesse des années. Sa fête se célébrait au mois de mars, sous le signe du Bélier : c'est l'annonciation de la Vierge, que nous appelons maintenant Notre-Dame de mars.
Au pied d'une colline, à quinze minutes nord-ouest de Marsanne, est l'antique chapelle de Notre-Dame-de-Frénaud. Il paraît que c'était dans l'antiquité un oratoire consacré à Frea Nondina, déesse tutélaire des mariages, et que quand le christianisme s'introduisit dans la Gaule on conserva l'oratoire, comme cela se faisait communément alors, en substituant un culte à un autre. Non-seulement on retrouve les dérivés du nom primitif dans le nom actuel de Frénaud, mais on reconnaît encore dans les dévotions qui s'y pratiquent au mois d'août les traces de l'ancien culte rendu à Frea Nondina. Si l'on n'y nomme plus les enfans, on y voit affluer encore beaucoup de femmes, les unes pour remercier la Vierge du bonheur qu'elles goûtent dans leur union, les autres pour lui demander d'adoucir leurs peines, et toutes pour invoquer sa divine protection.
C'est la patrie de M. Veyrenc, qui, après avoir professé long temps et avec distinction le dessin dans la capitale, s'est retiré à Marsanne, où il exerce la magistrature municipale d'une manière paternelle et fort utile au pays. Il est né le 27 avril 1756. On voit chez lui une très belle galerie de tableaux. Il est auteur de plusieurs ouvrages estimés de peinture. Une partie des gravures de l'ouvrage de Faujas de Saint-Fond sur les volcans éteints du Vivarais et du Velay, ont été faites d'après ses dessins. Ceux de la plupart des gravures du Nouveau Voyage pittoresque de la France, par Osterwald, sont également de lui.

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